L’encre de Chine est à l’origine sous forme de bâtonnets composé de laque (une résine naturelle au même titre que le caoutchouc) teintée au noir de fumée (de la suie donc) que l’on broyait finement en la mélangeant à plus ou moins d’eau selon l’intensité du noir voulue.
Pour mes tests, j’ai utilisé la méthodologie suivante: j’ai déposé deux taches d’encre avec le batonnet ou la pipette fixée au bouchon, ou au pinceau synthétique. Le lavis réalisé avec un pinceau petit gris en ajoutant de l’eau au fur et à mesure à ma tache sur le papier. j’ai ensuite laissé sécher une nuit avant de passer de l’eau sur la deuxième tache, et enfin, j’ai gommé mes traits de construction (aucune encre n’a bougé).
Le papier utilisé est du Montval de chez Canson (il n’est pas impossible que le PH du papier, sa composition, joue sur la teinte finale des lavis).
Encre de Chine à la pagode Sennelier
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée, résistante à l’eau, joli lavis neutre
Encre de Chine Corector
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée/mate, résistante à l’eau, joli lavis neutre
Encre de Chine Talens
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée, résistante à l’eau, Lavis neutre contenant des particules
Encre de Chine Pelikan
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Mate, résistante à l’eau, Lavis neutre contenant des particules
Encre de Chine Nan-King
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Très mate, noir le plus profond, résistante à l’eau, très beau lavis neutre
Encre de Chine Rotring
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée Brillante, ABSOLUMENT PAS WATERPROOF (contrairement à ce qui est écrit sur l’emballage), lavis neutre
Encre de Chine Staedtler Mars Plastic
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée, Résistance à l’eau imparfaite, très pigmentée, lavis neutre nécessitant pas mal d’eau
Encre de Chine Graphic Pebeo
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
satinée brillante, noir intense, résistante à l’eau, lavis neutre
J’ai également testé d’autres encres pour voir leurs réactions:
Encre noire Waterman
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Mate, noir chaud, aquarellable (encre pour stylos), lavis multiteintes pas inintéressant
Encre Fount India pour stylos Pelikan
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée, aquarellable (encre pour stylos), Lavis neutre
Encre Colorex Pebeo
Satinée, aquarellable
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Noir intense, lavis froid légèrement bleuté
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
noir intense tirant sur le brun, lavis chaud donnant une jolie teinte sépia
Acrylique liquide Pebeo
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Mate (surprenant pour de l’acrylique), résistante à l’eau, Lavis neutre et propre
FW Acrylic Artist Ink Daler Rowney
Encre pure – Encre pure recouverte d’eau – Lavis
Satinée/brillante, résistante à l’eau, lavis neutre contenant de fines particules
Les trois encres de Chine les plus résistantes à mes tests ont été la Nan-King de Lefranc Bourgeois, dont la matité lui donne le plus beau noir, l’encre à la pagode de Sennelier, et le challenger inattendu (de par son caractère premierprix), l’encre de Chine Corector.
Aujourd’hui, je vais vous parler plastique dingue (parfois aussi appelé plastique fou ou plastique magique). Au magasin d’arts créatifs où je travaille, on me demande régulièrement ce qu’on peut utiliser sur ce matériau. Je me devais donc de tester plusieurs choses!
Tout d’abord, savez vous de quoi il s’agit? Le plastique dingue est une fine feuille de plastique, facile à découper, dont une face, rugueuse, permet le dessin de manière très simple, et dont la cuisson au four ménager cause rétraction (on dit souvent qu’il rétrécit 7 fois) et durcissement (et une courte danse de la joie amusante à regarder dans le four) en suivant les instructions données sur le paquet. L’enfant (ou l’adulte jeune depuis longtemps) peut donc créer facilement des petits objets colorés et solides, qui finiront sans doute en superbe porte clefs, magnet ou bijou.
Je vous prie de m’excuser pour la qualité des photos prises avec mon téléphone…
Tout d’abord, j’ai choisi de reproduire un motif à l’identique, avec un format précis, histoire de me rendre compte des variations. Un carré de 10cm de coté et la version de Marilyn Monroe par Andy Warhol décalquée,et quelques coloriages plus tard, j’ai eu une idée d’ensemble de ce qui peut fonctionner et pourquoi.
Remarque: tout mes petits carrés se sont rétrécis de la même façon: aucun n’a daigné resté carré. De 10x10cm, je suis passée à 4×4,5cm. Le plastique dingue (en tout cas celui que j’ai utilisé,transparent de la gamme Graines créatives By PWI) a un « sens », ne rétrécissant pas uniformément. Bien entendu, n’y ayant pas prêté attention, je n’ai aucune idée de comment le repérer. Le second plastique que j’ai utilisé (tests à base d’encres et celui de l’imprimante) est du « O’color » vendu par lot de 7 feuilles de 20×30. il ne s’est même pas rétracté droit (oh les beaux losanges!), et a des bulles invisibles avant cuisson (flagrant sur le test de l’imprimante)!
Honnêtement, en tant que passionnée d’arts, je n’aime pas cette gamme de crayons de couleur. Ce n’est pas du bois, et la sensation de la mine sur le papier est proche d’un bout de plastique qu’on frotterait à la place, déposant bien trop peu de couleur. Néanmoins, je reconnais qu’en tant que produit prévu pour enfants, ils sont adaptés. Et que j’ai eu ici une surprise plutôt positive: le coté rugueux du plastique avant cuisson a permis au crayon de bien accrocher. Après cuisson, les couleurs se sont légèrement intensifiées. Les « traces » de crayonnage sont visibles bien que discrètes. Le résultat est transparent.
Le Posca, marqueur contenant de la gouache, fait partie des techniques qui n’ont pas changé d’intensité de couleur. La façon dont la matière a réagi m’a plutôt agréablement surprise (je m’attendais à bien pire). Je constate donc des boursouflures essentiellement là où j’ai eu la main lourde en quantité de peinture, le reste ayant réagit proprement. La peinture ne s’écaille pas, elle tient. peut être qu’un coup de ponçage lui ferait du bien? L’aspect velours est plutôt joli, et le tout opaque.
Test n°3: les feutres pour enfants (ici des stabilos)
Ces feutres ont habituellement un superbe rendu sur le papier. Couleurs vives, intenses… Dès le passage sur le plastique, j’ai su que je serais déçue. La couleur était à peine visible… Après cuisson, la couleur s’est légèrement intensifiée, mais elle s’est aussi légèrement affadie, a perdu le peu d’éclat qu’elle pouvait avoir avant. En revanche, l’aspect vitrail (très transparent, brillant au dos et dépoli sur l’avant) est très sympathique. En gardant à l’esprit les teintes pastel après cuisson, c’est clairement quelque chose à exploiter.
Test n°4: le stylo bille (des 4 couleurs de chez Bic)
Si la couleur n’a pas vraiment changé d’intensité, elle s’est densifiée. Les traits sont sans surprise ultra visibles, ce qui peut être intéressant à utiliser pour des détails très précis. La remarque, c’est que la bille n’a pas vraiment aimé le plastique dingue et qu’elle était un peu récalcitrante dans son fonctionnement. Crampes dans la main à prévoir pour une grande surface.
L’aspect crayon de couleur ne m’a pas surprise, bien que le staedtler (ici orange) ai bien mieux accroché. La grosse différence est venue lors du passage du pinceau: l’art grip de faber castell n’a pas vraiment daigné bouger, tandis que le staedtler s’est magnifiquement aquarellé, ce qui est parfaitement visible après cuisson. La raison me parait simple: l’art grip est un crayon de « seulement » bonne qualité (faber castell a une autre gamme de crayon aquarellables supérieure, les Albretch Dürer, dont l’accroche sur le papier et la pigmentation de la mine sont bien meilleures) tandis que le karat aquarell de staedtler est une qualité professionnelle.
Test n°6: la peinture en pastille pour enfant
Y’a t’il besoin de commentaire? A l’application, la peinture a rechigné à s’appliquer correctement si trop liquide, je l’ai donc employée à peine humide. A la cuisson, le tout s’est lamentablement écaillé pendant que le plastique dansait. Je m’y attendais parfaitement, me doutant bien du rendu de l’eau sur le plastique. Fail prévisible donc.
Test n°7: l’aquarelle
Je n’ai même pas besoin de vous dire quelle marque j’ai utilisé. Le résultat, malgré la qualité de ma peinture, parle pour lui même. Version pas chère ou matériel de qualité, la peinture sous forme liquide ne fonctionne pas. Oubliez.
Les promarkers sont des feutres à base d’alcool, qui permettent par exemple de faire des aplats nickels avec le bon type de papier (le layout. Il existe bien entendu d’autres marques sur le même principe, les plus connues étant Tria, Copic ou encore Touch). J’avais envie de voir comment ils allaient réagir sur le plastique dingue, n’en ayant vraiment aucune idée. Le résultat fait finalement partie de mes favoris! La couleur, à l’application, a été un peu plus longue à sécher que sur papier, l’odeur d’alcool plus présente (et c’est d’la bonne). Au niveau de l’intensité, rien à redire, une légère faiblesse rattrapée après cuisson. La transparence est très jolie, et la texture rugueuse du plastique dingue même mise en valeur!
Avant toute chose, ces crayons là sont mes chouchous absolus. Ils sont tellement pigmentés que vous pouvez dessiner un feu d’artifice sur du papier noir. Bien entendu ce sont des crayons de couleur de qualité professionnelle qui valent largement leur prix élevé. (en moyenne 1€75 pièce).
Donc, sur le plastique dingue, l’application s’est fait sans souci, la teinte équivalente à celle obtenue sur un papier à la même texture. Après cuisson, la couleur s’est intensifiée, densifiée… Elle est magnifique. Les traces de coloriages sont un peu plus apparentes qu’à l’application en revanche! (j’avoue, j’ai fait exprès justement pour voir…) Mais pas vraiment au dos, c’est amusant. Le rendu est plutôt opaque, et très mat. Sublime!
Dès l’application, la couleur est intense. c’est normal, ces feutres sont prévus pour écrire sur le plastique! En revanche, la texture rugueuse du plastique les fait « fuser » sur 1 à 2 mm. Après cuisson, ce détail est bien moins visible et la couleur est toujours aussi vive. Le gros inconvénient, c’est que ce type de feutre n’existe que dans une gamme de teintes très très limitées…
Test n°11:les Tombow ABT Dual Brush (feutres aquarellables) et le Pitt Artist Pen de chez Faber Castell
L’intérêt orginel du Tombow, c’est son aspect aquarellable. Bien que sur le plastique dingue, ce soit complètement inutile, je voulais tout de même voir le rendu étant donné la qualité du feutre. A l’application, la couleur est plutôt palotte. Après cuisson, ce n’est guère mieux. Je reconnais avoir sans doute utilisé des teintes trop claires pour ce test… En revanche, le Pitt Artist Pen, ici noir, n’a posé aucun problème. La différence vient sans doute du fait qu’il s’agit d’un feutre à encre de chine, qui est permanent, résistant à l’eau et à la lumière. Banco sur le plastique dingue.
Considéré par certains de mes collègues comme la rolls du feutre, le Pen 68 s’est appliqué sans trop de perte d’intensité sur le plastique dingue, surprise fort agréable. Après cuisson, le résultat n’a certainement pas la vivacité du feutre sur le papier, mais les couleurs restent joliment visibles!
Les neocolor sont à base de cire, et de qualité supérieure. Il ne s’agit pas de crayon de cire pour enfants, attention. S’il n’y a pas de soucis à l’application, je me demandais si j’allais me retrouver avec une flaque de couleur au fond de mon four. J’ai préparé mon coup au cas où, relevé les bords du papier aluminium sur lequel j’ai posé le plastique dingue pour la cuisson, et surveillé de très près ce petit carré là. Le neocolor n’a absolument pas bougé. Après cuisson, la couleur est aussi vive, aussi intense, elle semble incrustée dans le plastique. Attention néanmoins; lorsque j’ai calé mon carré entre deux carrelages pour qu’il s’aplatisse bien, un peu de matière colorée s’est transférée sur le carreau. Si ça n’a pas gêné le plastique dingue (pas de transfert sur lui même), j’ai clairement bien fait de ne pas poser simplement un livre dessus comme conseillé sur le paquet.
L’encre s’applique joliment, la couleur est vive, tient sans trop de soucis (il ne faut pas mettre les doigts quoi). J’étais donc pleine d’espoir. Après cuisson… Je ne sais pas quel est le liant de la Colorex, mais il a « coagulé » à la cuisson! Et en coulant. Et en se collant à lui même quand le plastique dingue a dansé. Et en collant au papier aluminium, qui s’est avéré impossible à décoller entièrement… Fail donc. Sauf si vous aimez l’effet « mon petit dernier m’a offert un superbe vase qui est en fait un pot de confiture peint comme il a pu avec de la peinture vitrail qui a fait des pâtés »…
Application sans problème, à nouveau. J’avais confiance parce que cette encre est indélébile, résistante à l’eau… Les qualités demandées sur l’emballage pour les feutres. Mais la gomme laque qui rend le tout possible a « crouté » à la cuisson, et les couleurs se sont ternies. Tant pis.
Au vu des résultats avec les différentes peintures auparavant, je n’avais même pas pensé à essayer une encre à base d’acrylique. Mais la jolie application de la Colorex et de l’encre Sennelier (c’était donc avant que je les cuise) m’a motivé à tenter cette possibilité. Toujours une application facile (pourtant, des liquides sur du plastique, fut il rugueux, vraiment, je n’y croyais pas), belles couleurs… Un temps de séchage un peu long, mais rien de bizarre. Après cuisson… L’encre a parfaitement réagit! Là où le bât blesse, c’est au niveau de l’uniformité de la couche: les différences, surtout dans les couleurs naturellement transparentes -je vous ferais à terme un article sur la couleur et ses propriétés- et là où j’ai eu la main trop lourde. Il faut donc être extrèmement vigilant sur cette question, mais l’aspect peut s’apparenter à un polypropylène teinté, ce qui vaut amplement le coup! (Mais au vu du problème de l’épaisseur, je ne testerais pas la peinture acrylique. Ça ne me parait pas nécessaire…)
Comme je vous disais avec les Neocolor 1 de chez Caran d’Ache, je me méfiais pas mal de la cire au moment de la cuisson. A nouveau, à tort. Sauf que ci elle n’a pas coulé, la cire s’est rétractée… on a donc un rendu craquelé qui pourrait être intéressant si voulu!
Ces feutres se veulent proches de l’encre de chine. Indélébiles, résistants à l’eau, à la lumière… A l’application sur le plastique dingue, la couleur est vive, intense, un bon point! Ça s’annonce bien. Comme avec les autres feutres, un second passage a tendance à « rafraîchir » le premier, même sec. Après cuisson… Superbe! Nous avons un vainqueur toutes catégories niveaux feutres. La couleur est aussi intense qu’elle le serait sur papier. (Les taches au milieu viennent de la bagarre dans le four entre les Pitt et la vilaine Colorex)
Test n°19: l’imprimante (un vieux modèle HP à jet d’encre)
Il fallait que j’essaye avec ma bonne (trop) vieille imprimante aussi, on est d’accord? Déjà, première surprise, après le réglage du type de papier dans le logiciel d’impression (film transparent), le plastique dingue est passé sans soucis. Bon certes, je ne m’attendais pas à ne plus avoir de noir, mais… Les couleurs n’ont immédiatement pas rendu grand chose… Et après cuisson, ce n’était pas mieux. Bah, j’aurais essayé.
Conclusions:
La qualité de votre matériel va jouer sur votre résultat. Du matériel enfant au matériel professionnel, il y a bien entendu tout un monde que le plastique dingue montrera. Pour un beau rendu, il vous faudra en gros des feutres, crayons, stylos au couleurs déjà intenses sur le plastique avant cuisson. Avec la demie exception du Posca qui est de toutes façons un entre deux, la peinture est tout simplement à oublier. Quand aux encres, seule celle à base de résine acrylique a bien réagit. La cire n’a pas coulé. Le feutre fera de beaux aplats, pas de marques. Les coups de crayon seront visibles, ceux de stylo, encore plus. C’est à savoir, voire à prendre en compte.
Ce qui est amusant, c’est que l’intensité de la couleur varie entre coté rugueux et coté lisse. la couleur parait un peu à beaucoup plus intense du coté lisse. Cela a sans doute à voir avec la façon dont la lumière passe au travers du plastique dingue.
Et vous, avez vous testé le plastique dingue? L’avez vous testé avec d’autres techniques? Avez vous des remarques, des questions?