Bonjour les curieux!
Aujourd’hui je reprends le fil de la série d’articles de vulgarisation artistique commencée avec la couleur et la peinture, suite à une question d’Aveole sur Twitter au sujet de la gouache et l’aquarelle qui m’a été relayée par plusieurs contacts.
Et tout comme pour la couleur, je vais commencer par la mise en garde: je n’ai pas la prétention de tout savoir, je vais vous expliquer les choses d’une manière compréhensible et simplifiée, avec parfois des raccourcis volontaires ou non. Si jamais je fais des contresens ou des approximations qui vous hérissent, n’hésitez surtout pas à me le dire dans les commentaires!
Si vous êtes perdus et que certains termes vous échappent, commencez par relire les articles sur la couleur et la peinture, j’y ai expliqué déjà pas mal de choses!
Je commence donc la série d’explications sur les différents types de peinture par la gouache et l’aquarelle, car il s’agit généralement des premiers tubes utilisés dans nos vies.
La recette
La gouache et l’aquarelle sont deux peintures très proches, car elles sont fabriquées avec le même liant (colle qui permet de lier les pigments ensemble et d’assurer leur tenue après séchage), la gomme arabique.
La gomme arabique est issue de la sève d’arbres de la famille des acacias. (d’autres produits sont fabriqués à partir de sèves: le sirop d’érable est issu de la sève d’érable, le caoutchouc de la sève d’hévéa…). Elle est simplement séchée après récolte et est utilisée dans de nombreux domaines, comme la pharmacie, le textile ou l’agro alimentaire (elle se cache sous le nom d’additif E414).
Dans le cas de la peinture, le liant qui nous intéresse, la gomme arabique, est concassé et dilué dans de l’eau. On y ajoute ensuite les pigments. Après mélange la pâte obtenue est broyée entre des rouleaux pour obtenir la finesse nécessaire pour de la peinture. La pâte est ensuite mise en tube, ou séchée dans des godets en plastique dont la taille est standardisée (quelle que soit la marque, un godet fera la même taille) pour l’aquarelle.
Cette recette donne donc de l’aquarelle. Plusieurs ingrédients (appelés charges) peuvent y être ajoutés pour modifier ses propriétés et son coût. L’aquarelle extra fine de chez Sennelier contient par exemple du miel, qui joue sur l’éclat des couleurs et sur le temps de séchage.
La gouache suit la même recette, à l’exception de l’ajout d’une charge qui va opacifier la peinture. Il s’agit souvent du sulfate de baryum, qui est un pigment blanc.
Les propriétés
Bien, maintenant qu’on a expliqué comment la gouache et l’aquarelle sont fabriquées, on va pouvoir parler de pourquoi et comment les utiliser!
Tout d’abord, les deux types se diluent à l’eau, vous n’avez donc pas besoin de matériel spécifique.
L’aquarelle
L’aquarelle est appréciée pour sa transparence et pour ses effets de matières variés.
Il est impossible de réaliser un aplat de couleur parfait à l’aquarelle, on l’utilise plutôt justement pour ses variations d’intensité de couleur et sa capacité à surprendre.
L’aquarelle a toujours une texture apparente, qui va également dépendre du grain du papier (grain fin, grain satiné et grain torchon, du plus fin et subtil au plus grossier et texturé). On privilégie un papier dont le grammage élevé va permettre de supporter l’ajout d’humidité.
Pour l’aquarelle, on privilégie des pinceaux en poil naturel pour leur capacité à retenir l’eau (j’explique régulièrement à mes clients en magasin que les cheveux, sous la douche, retiennent bien mieux l’eau qu’une perruque en plastique).
On utilise donc des pinceaux en petit gris (il s’agit d’une espèce d’écureuil) pour leur élasticité (on parle de nervosité) et leur excellente rétention.
L’aquarelle peut être retravaillée même après séchage: il suffit de rajouter de l’eau pour que les pigments soient à nouveau en suspension. On peut alors réaliser ce qu’on appelle des « repentir » (retirer la peinture pour retrouver le blanc du papier).
Le rendu de l’aquarelle après séchage est plus ou moins brillant selon qu’elle soit utilisée pure ou diluée.
Le dernier avantage de l’aquarelle est le caractère compact du godet: une boite d’aquarelle est super facile à transporter et à utiliser en dehors de l’atelier! A vous les carnets de croquis colorés urbains, à la montagne, à la mer, en voyage…
La gouache
La gouache est au contraire opaque. On peut du coup réaliser de beaux aplats réguliers.
Pour la gouache, on préfère un papier à grain fin dont le grammage va permettre de supporter l’ajout d’humidité. On peut travailler la gouache pure comme diluée à l’eau pour en augmenter la transparence, on parle dans ce cas de gouache aquarellée.
Pour la gouache, on privilégie également des pinceaux en poils naturel pour les mêmes raisons de rétention d’eau, mais on choisira des pinceaux plus fins. Le petit gris est adapté mais les pinceaux en Martre Kolinsky (issus d’un animale cousin de l’hermine, vous savez, les manteaux de roi blanc à points noir) seront les meilleurs: résistance, souplesse, élasticité, tenue, belle pointe… Mais si vous n’avez pas les moyens (c’est un type de poil très cher) vous pouvez rester sur du petit gris, ou de la martre rouge (un peu moins bien que la kolinsky mais mieux que le petit gris )
La gouache peut également être retravaillée après son séchage (rapide, de l’ordre de 20 minutes) par ajout d’eau: cela permet de réaliser des fondus et dégradés sans trop de difficultés.
Vous comprendrez bien que de ce fait, la gouache est appréciée des parents et des professeurs: elle part à l’eau si l’enfant en met sur la table, les vêtements, les mains, les cheveux du copain… Mais du coup, elle reste fragile. Il faudra vernir vos créations à l’aide d’un vernis adapté, en aérosol. (le vernis à appliquer au pinceau reste de l’humidité qui peut rafraichir et déplacer la peinture) Et ceci vaut d’ailleurs également pour l’aquarelle.
Le rendu de la gouache est mat, presque velouté.
Conclusion
La gouache et l’aquarelle étant des peintures très proches, elles sont souvent utilisées ensemble: on parle d’aquarelle rehaussée de gouache. Si vous souhaitez jouer sur des effets de transparence et d’opacité, ce duo de techniques sera votre allié!
Je vous laisse avec quelques illustrations mêlant justement gouache et aquarelle.
Il s’agit de dessins de John Speirs issus d’un livre de contes d’Andersen publiés en 1976 chez Fernand Nathan dont j’ai fait l’acquisition lors d’une brocante. J’avais beaucoup apprécié les dessins, j’espère qu’il en sera de même pour vous!
Avez vous tout bien compris? Avez vous des questions? voudriez vous en savoir plus? N’hésitez pas à me demander!
sources:
https://www.youtube.com/watch?v=G4HKynjge5A production d’aquarelle chez sennelier
pour commencer l’aquarelle:
pour aller plus loin: